Afin de récupérer plus d’opinions sur notre sujet, nous avons interrogé plusieurs personnes parmi nos proches. Les personnes interrogées étaient tout autant des personnes habituées à utiliser Internet que des personnes ne l’utilisant pas du tout. La
démarche de l’interview fut la suivante : nous avons demandé à l’interrogé s’il a déjà utilisé une forme d’anonymat sur Internet, que ce soit sur des espaces de
discussions publiques ou privés, en jouant à des jeux vidéo en ligne ou autre et s’il juge que l’anonymat lui est utile. Ensuite et en fonction de sa réponse, nous avons essayé de
le pousser à développer sa pensée en lui présentant notamment des exemples d’évènements qui sont arrivés grâce ou à cause de la facilité d’accéder à l’anonymat sur Internet.
Enfin, nous avons conclu avec l'exposé de notre problématique qui, rédigée d'une manière plus imagée, devient : « Si vous aviez à disposition un gros bouton rouge qui vous donne la possibilité d’effacer totalement l’anonymat d’Internet, appuieriez-vous ? ».
Lors de nos interviews, nous avons reçu des avis assez différents. D’un côté, nous avons reçu beaucoup de réponses de personnes qui tiennent à l’anonymat sur Internet. Ce dernier permettrait de pouvoir s’exprimer plus librement loin de toute pression, qu’elle soit sociale ou gouvernementale. Sociale, car des personnes peuvent ressentir le besoin de s’exprimer mais n’osent pas à cause de l’avis que leur entourage pourrait avoir. L’exemple des sujets politiques un peu trop polémiques nous est souvent revenu. Il y a aussi le simple fait de pouvoir s’exprimer ou demander de l’aide sans avoir peur d’être jugé, les pages Facebook comme UMons Confessions sont des bons exemples puisque l’anonymat permet à certaines personnes de se confier alors qu’elles ne le feraient pas autrement. Il y a également une pression gouvernementale dans certains pays où les citoyens ne sont pas aussi libres d’afficher leurs opinions que dans les nôtres. Dans ce cas, l’anonymat permet aux citoyens de s’exprimer mais aussi aux journalistes d’enquêter. Tout cela mène à un premier argument en faveur de l’anonymat : la liberté d’expression.
Cependant, nous avons également eu des retours contradictoires à cette idée. En effet, si l’anonymat permet de s’exprimer sans contrainte, certaines personnes préfèrent savoir à qui elles s’adressent lors d’une discussion, ceci afin de favoriser les rapports humains. Pour aller encore plus loin dans ce sens, on pourrait aussi imaginer que si une personne est anonyme, c’est qu’elle a quelque chose à cacher, sans quoi, elle assumerait ses propos en donnant son identité. Cette idée montre que si l’anonymat permet de libérer la parole, elle permet aussi des dérives. Comment savoir si la personne en face dit ce qu’elle pense ? Ou que ses intentions sont bonnes ?
En outre, l’anonymat accorde une certaine protection, permettant à quiconque de dépasser les limites morales et/ou légales. En effet, les cas de cyberharcèlement, de partages de
contenus pédopornographiques ou plus simplement d’insultes sont nombreux et si l’anonymat qu’offre Internet n’est pas la cause directe de ces faits, il n’en est moins qu’il en
facilite l’exécution. Ainsi, il n’est pas rare de voir des utilisateurs de certaines plateformes permettant l’anonymat d'insulter gratuitement ou propager des propos racistes et
sexistes. C’est une des raisons pour lesquelles certains préfèrent ne pas utiliser ces plateformes, ou du moins, éviter de parler de sujets sensibles.
Il y a donc d’un côté la liberté de s’exprimer librement et de l’autre, la crainte de ce qu’une telle liberté peut permettre. Lorsque nous proposons finalement notre problématique, nous avons reçu toutes sortes de réponses. Tout d’abord, des personnes souhaitant conserver cette liberté en s’assurant que personne ne supprime l’anonymat d’Internet. Ensuite, nous avons aussi des personnes qui préféreront sacrifier cette liberté au profit de la sécurité des victimes de cyberharcèlement et de pédophilie, même en sachant que cela n’éliminera pas la totalité de ces crimes. Ou encore, supprimer l’anonymat en espérant que cela change les mentalités dans le bon sens. En effet, si nous n’avions plus cette alternative qu’est l’anonymat pour nous exprimer, peut-être que cela pousserait les gens à s’exprimer publiquement sans crainte. Mais nous avons également obtenu des réponses plus nuancées : créer un système qui permettrait de supprimer l’anonymat d’une personne si celle-ci enfreint la loi. L’idée est intéressante et le débat mérite d'être approfondi. Serions-nous toujours anonymes si quelqu’un possédait un tel pouvoir, quand bien même cette personne serait absolument juste ?