L’éthique d’Aristote préconise le bonheur et l’épanouissement de l’humain. Pour être en harmonie, il doit se rapprocher de ce qui le définit comme un humain et à fortiori de se distinguer d'autres espèces animales : la faculté de penser et de trouver un sens à notre existence. C'est la raison qui nous guide dans nos actes. Pour atteindre ce bonheur, l'humain doit autant songer à la réalisation concrète d'un attribut humain qu'à l'obtention de ce même attribut. Toute action doit donc se rapprocher d'une forme idéalisée de l'être humain que l'on se fait personnellement. C'est pourquoi, selon l'eudémonisme, le choix à faire dans un dilemme quelconque se focalise sur l’agent et non sur les conséquences. L'idéal humain, qui est propre à chacun, est atteint en répondant par des vertus, qui sont des dispositions fermes acquises volontairement. Cette définition suggère un effort sur soi, impliqué et motivé afin de se rapprocher de son idéal.
Pour arriver à l'harmonie, le modèle éthique vertueux, que nous avons défini comme étant le sens de notre existence, est placé entre deux vices. En agissant comme lui, nous serons plus proches de l'idéal fixé et donc du bonheur. L'analyse éthique selon l'eudémonisme étudiera un problème légèrement différent du contexte initial : « Que choisir entre aller sur une plateforme publique et aller sur une plateforme avec pseudonyme ? » dans le but de centrer le débat sur l’essence même de la personne et non ses conséquences.
Une personne qui prônera la transparence va faire le choix de dévoiler la vérité pour tous. Se sentant concernée par l’honnêteté, elle tiendra à mettre en lumière tout être humain et notre modèle irait vers la plateforme publique. La personne vertueuse qui défend l’équité va également supprimer l’anonymat en préconisant la plateforme publique mais pas pour les mêmes raisons. En effet, la disparition de l'anonymat sur Internet permettrait que tout le monde ait les mêmes droits et qu’il n’y ait aucune possibilité que quelqu’un tire profit de l’anonymat.
Si nous considérons des modèles vertueux plus axés sur le social, la personne courageuse sur laquelle nous pourrions nous baser va assumer ses opinions et les associer à sa personnalité et son idéologie sans avoir la crainte d’être jugé. Il n’aura rien à cacher et irait sur la plateforme publique comme tous ses prédécesseurs. Si nous suivons le modèle de sociabilité, la personne sociable va favoriser les rapports humains et véritables. C’est pourquoi il prendra l’option publique pour permettre tous ces échanges sociaux qui sont en partie cachés par un pseudonyme, s’il existe.
Cependant, d’autres modèles de vertus peuvent nous faire opter pour la deuxième option, celle utilisant les pseudonymes. La personne intègre, pour être conforme à ce qu’elle est réellement, va choisir la plateforme privée puisque sa vraie personnalité pourra être pleinement délivrée sous le couvert de l’anonymat. Tant ses pulsions malsaines que ses bons côtés qui ne répondent pas au politiquement correct ressortiront bien plus facilement si elle a la garantie de ne pas être méprisée ou critiquée et pourra ainsi se révéler totalement. Le protecteur choisira aussi la plateforme avec pseudonymes car l’anonymat octroie une carapace, un bouclier derrière lequel tout individu peut se protéger pour donner son point de vue. Ce modèle est la personnification même de la liberté d’expression, qu’il défendra à tout prix.
Bien que la majorité des références vertueuses sont en faveur des plateformes publiques, l'eudémonisme ne fournit pas réellement une réponse claire et tranchée au dilemme éthique de l'anonymat sur Internet. Nous nous contenterons d'une légère tendance pour la suppression de l'anonymat.