La notion d’anonymat existe depuis très longtemps. Le système de votes, les rassemblements de partage sous l’anonymat permettent une liberté d’expression plus vaste. Toute utilisation d’un pseudonyme est aussi une forme d’anonymat. Les chanteurs et certains écrivains utilisent souvent un pseudonyme pour éviter une pression sociale. Parmi eux, citons Molière qui s’est construit un pseudonyme pour éviter la censure de l’Église mais aussi les Daft Punk qui, en outre, portent des casques pour donner une image futuriste mais également pour ne pas être reconnus dans la rue.
L’arrivée d’Internet en 1990 a permis la propagation très rapide d’informations à travers le monde. Des forums de discussions ainsi que des systèmes de messagerie en ligne ont vu le jour dans les années 2000 (4Chan, JeuxVideo.com, MySpace, etc…). L’expansion fut colossale en 2005 avec l’apparition du réseau social Facebook. Celui-ci lance une tendance connectée encore très présente aujourd’hui. Il répand à plus large échelle les pseudonymes et l’utilisation de l’anonymat.
Malheureusement, l’explosion de ces plateformes et le nombre croissant d’utilisateurs ont montré leurs premiers signes de dérives. Le cyberharcèlement, les plateformes pédopornographiques, les échanges numériques entre terroristes sous le couvert de l’anonymat sont en augmentation. L’UNESCO a montré que le nombre d'enfants de 9 à 16 ans exposés au cyberharcèlement est passé de 8% en 2010 à 12% en 2014.
En conséquence, le président français Emmanuel Macron a dit qu’il ne voulait plus d’anonymat sur les plateformes d’Internet, dans l'objectif premier de réduire le cyberharcèlement que certains jeunes en milieu scolaire peuvent subir. Selon lui, nous devons aller vers “une levée progressive de toute forme d’anonymat”. Il propose une loi qui stipulerait que les hébergeurs des sites devront répondre aux injonctions des juges entre 1 et 30 jours.
En revanche, le site pédopornographique Child’s Play sur le Dark Web a été démantelé par la section policière australienne “Argos Special Force” en s’infiltrant anonymement pendant un an au sein de l’administration. Les agents en charge de l’enquête ont dû alimenter le site afin de gagner la confiance des administrateurs du groupe qui, en plus de gérer ce groupe, violent des enfants devant la caméra pour le plaisir de la communauté. Au final, près de 900 arrestations ont eu lieu et le site comptant 150 000 utilisateurs a été fermé et banni du Web.
Tous ces événements contemporains soulèvent une question éthique intéressante et moderne : « Pour notre société actuelle, l'anonymat sur Internet est-il un vice ou un atout ? » Pour répondre à cette problématique, nous allons tout d'abord mener une enquête parmi le grand public et des experts en la matière. Ensuite, un compte-rendu du débat organisé avec les étudiants de 3e Bachelier de la section Informatique et Gestion de la FPMs sera rédigé pour enfin embrayer sur une analyse approfondie selon les trois voies éthiques suivantes : l'eudémonisme, le déontologisme, l'utilitarisme.