Petite histoire

Le cas américain, ou le contrôle avant tout

Posté par Nathan Keyaerts le 10 Avril 2019

Même si cela peut sembler un sujet récent, la question de la protection de la vie privée sur Internet existe depuis plusieurs décennies. Les scandales récents et multiples de Facebook ne sont ici que la preuve d'un contexte dont peu avaient conscience auparavant.
C'est donc un vaste sujet qui se présente là et c'est pour cette raison qu'on se limitera à l'historique d'un cas d'école sur le sujet : la volonté du gendarme du monde à accéder aux données de tous et ses actions pour arriver à ses fins.

Années 90

Cela a commencé dans les années 90 avec les logiciels professionels américains; le gouvernement américain interdisait de commercialiser des logiciels avec des clés de sécurité dépassant les 40-bits à l’étranger. Il y avait donc une version américaine et une internationale de chaque logiciel. Au final, cela posait un problème de sécurité pour tout le monde puisque des américains finissaient parfois avec la version non sécurisée et les étrangers avec la version américaine suite à des exportations illégales. Le problème était qu’il suffisait de quelques jours à un particulier pour décrypter un message avec une clé 40bits. Ce qui voulait dire qu'en dehors des États-Unis, la sécurité des logiciels américaiens était proche de zéro.

A la même époque, la NSA (organisme de renseignement des USA spécialisé dans les données informatiques) a tenté de vendre aux concepteurs de GSM une puce d’encryptions comportant une backdoor, c'est-à-dire un accès caché pour la NSA à tout ce que la puce fait. Cependant si une autre personne découvre comment utiliser cet accès, elle aura également accès à toutes les données transitant par la puce. Aucun vendeur de GSM n’accepta de les utiliser.

21eme siècle

Par après, face à une généralisation des méthodes d’encryptions, la NSA a tenté d’influencer et d’affaiblir les systèmes d’encryptions ou encore d’obtenir les clés par diverses méthodes, procès judiciaire, hacking, ou alors des entreprises qui donnaient les clés volontairement. Ils ont également placé une backdoor dans le logiciel Dual_EC_DRBG, un programme utilisé pour sécuriser des données, dès sa sortie. Il a fallu un an pour découvrir cette backdoor. Malgré cela, même si considéré comme lent et non sécurisé de par cette porte d'accès, il restera utilisé jusqu’en 2013 soit 6 ans après la découverte de la porte dérobée.

Edward Snowden

“Nous devons toujours faire cette distinction que le juste ou le mal est très différent du légal et de l'illégal. La loi n'est pas un substitut à la moralité.”
Avec les révélations d’Edward Snowden, on a appris que la NSA avait accès à l’intégralité des téléphones Android et IOS avec un mandat. En réaction Google et Apple ont fait en sorte qu’il leur soit impossible d’accéder aux données des utilisateurs sans leur mot de passe. Plusieurs associations gouvernementales ont fortement réagi à ces actions. Afin de tenter d’empêcher cela, le FBI a tenté de démontrer la nécessité de pouvoir avoir accès au Smartphone des criminels. Cependant, on a pu montrer que dans tous les cas ils ont pu faire condamner le suspect sans accédér au smartphone. En février la guerre Apple-FBI commença suite à l'attentat de San-Bernardino.
En octobre 2017, le gouvernement américain appelle à une encryptions raisonnable, afin que le client ne puisse pas perdre toutes ces données en cas de perte de leur mot de passe. Le petit effet de bord étant que le gouvernement aurait pu de nouveau accéder aux données des utilisateurs avec un mandat.
En 2018 la NSA militait pour des encryptions légères mais a échoué à standardiser ISO ces méthodes face aux critiques. Après Charlie Hebdo, David Cameron et Barack Obama ont appelé à rendre illégal la cryptographie sans backdoor.

Conclusion

Tous ces éléments ne représentent qu'une partie des tentatives du gouvernement américain d'accéder aux données des personnes. Cependant cela se passe dans la plupart des pays et certains comme la Chine ne cherchent même pas d'éthique dans leurs actes sur le sujet.