Le déontologisme ou appelé aussi l’éthique du devoir est une philosophie morale qui consiste à vivre en se basant sur des devoirs, des principes, des maximes. Ce mot provient de la combinaison du mot « deon » qui signifie devoir et « logos » qui signifie connaissance en grec. Une bonne action pour un déontologiste est donc agir suivant la loi morale. Il ne s’occupe pas des conséquences, mais il respecte uniquement les devoirs. Nous pouvons dire que l’éthique déontologique s’oppose au conséquentialisme. Le déontologiste respecte un devoir non pas parce que ce dernier apporte un bon résultat mais parce que le fait de respecter le devoir est une bonne action. Il respecte le devoir si ce dernier est éthique.
Emmanuel Kant (1724-1804), est le philosophe le plus célèbre qui poussait cette éthique. Pour lui, une maxime est éthique si elle respecte 3 principes.
Le premier est le principe d’universalisation :
« Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle de la nature. »
Le deuxième est le principe de dignité humaine :
« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »
Le troisième est le principe de législation :
« N’accomplis d’action que selon une maxime telle qu’elle puisse comporter en outre d’être une loi universelle, telle donc seulement que la volonté puisse se considérer elle-même comme constituant en même temps par sa maxime une législation universelle. »
Dans notre cas, si nous nous plaçons à la place d’un déontologiste, il faudrait agir selon une morale qui respecte les 3 principes mentionnés au-dessus.
Notre problème éthique étant l’anonymat dans les blockchains, nous devons choisir entre garder l’anonymat ou non. Imaginons que la personne choisit de ne pas garder l'anonymat. La loi morale est donc « Dévoiler les identités des utilisateurs et leurs historiques de transactions dans la blockchain ». Dans un premier temps, intéressons-nous à la blockchain publique.
Dans ce cas, toutes les transactions seront publiques, ce qui permettrait d’éviter les blanchiments d’argent, les transactions illégales sur les darkweb car toutes les transactions sont enregistrées. Nous pouvons vérifier que des principes sont bien respectés mais qu'un principe ne sera pas respectée. En effet, le fait de dévoiler les identités n’apportera pas de chaos dans le monde actuel, cette maxime peut être universelle. Elle permettrait de tendre plutôt vers un monde idéal (3ème principe) car les transactions illégales sont interdites. Cependant, il y a quelques points qui pourraient rendre la maxime non éthique. En effet, puisque les transactions seront en publiques, lorsque une personne effectuera une transaction d'une grande somme d'argents, toutes les personnes pourront vérifier cette transaction et la personne qu'il l'a faite. Cela pourrait vite se transformer en harcèlement dans la vie réelle. Les gens voudront utiliser cette personne comme un moyen, ce qui oppose le 2ème principe de Kant.
Si nous nous intéressons maintenant à la blockchain privée, par exemple une blockchain d'entreprise, la morale de divulgation identitaire ne sera pas éthique. En effet, le but d’une blockchain privée est de garder les transactions et les informations privées pour éviter qu'elles ne se dévoilent vers l’extérieur. Si l’anonymat sur les blockchains n’est pas respecté il y aura plusieurs problèmes qui surviendront et les principes de Kant ne seront pas respectés. Si toutes les transactions de l’entreprise deviennent publiques, les autres entreprises vont commencer à utiliser ces données comme un moyen pour leur bien. Le 2ème principe n’est donc pas respecté. Et le premier principe ne sera donc pas respecté non plus car des entreprises subiront de grands impacts et donc les employés également. Cela impacterait négativement un grand nombre de personnes et donc le monde serait en chaos et en plus de cela ne tendrait plus vers la construction d'un monde idéal.
Pour les deux types de blockchain, nous remarquons qu'un déontologiste aura plutot tendance à chosir de garder l'anonymat sur la blockchain. Car les identités et transactions devoilées deviennent très rapidement un moyen pour soi même et non une fin. La maxime « Ne pas dévoiler les identités des utilisateurs et leurs historiques de transactions dans la blockchain » respecte les 3 principes. Elle est universalisable sans aucun souci, cela éviterait d'utiliser les autres comme un moyen et cette dernière contribuerait à la construction des institutions d'un monde idéal. Il y a juste les transactions illégales qui posent problèmes. Mais en sachant que la maxime opposée respecte moins les principes, un déontologiste pencherait vers cette maxime qui est plus éthique.