Contexte et définition
Il y’a bien longtemps, les humains ne prenaient en compte que l’intention de l’agent et non l’impact de son action pour les générations futures. Cela veut dire que tant que l’intention de l’agent était jugée bonne, son idée était retenue. De plus, même si nous nous trompions, ce n’était pas bien grave car la nature devait reprendre ses droits ou alors Dieu allait réparer notre erreur. Cette façon de penser a bien changé depuis des années. De nos jours, pour chaque action posée, il faut penser à la préservation des générations futures. A cet effet, l’éthique de la responsabilité nous amène à considérer le devoir moral. Celui-ci ne porte pas seulement sur la volonté intentionnelle de la conscience, mais également sur la nécessité de ne pas compromettre les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre.
Comment l’éthique de la responsabilité s’applique-t-elle dans le cadre de notre projet ?
Hans Jonas, fondateur de l’éthique de la responsabilité a écrit : « Si tu ne sais pas si la technologie que tu poses comporte un risque destructeur pour l’humanité, fais tout pour savoir et préserver la vie ». On pourrait donc se demander s’il est responsable pour les générations actuelle et future, d’implanter une puce dans un cerveau humain. Cela risque-t-il de détruire l’espèce humaine ? Ou au contraire, d’améliorer ses conditions de vie ? Voilà des questions auxquelles nous devons penser avant d’agir.
Pour l’entreprise Neuralink, l’objectif de cette puce est d’aider les personnes ayant des troubles neurologiques à retrouver leur mobilité, et accroître les facultés humaines. La responsabilité de cette startup devient alors la responsabilité de préserver l’espèce humaine tout en améliorant le quotidien des personnes « malades ». Dans ce sens, cette puce peut être vue comme une possibilité de redevenir une personne « saine », jouissant des mêmes privilèges que le commun des mortels. Les personnes concernées pourront dès lors avoir une vie qui correspond mieux au standard de la société. En effet, cette volonté de tendre vers une société dans laquelle tout le monde est sur un même pied d'égalité est l’une des valeurs que prône l’éthique de la responsabilité, qui dans ce cas serait respectée.
Cependant, la technologie révolutionnaire de Neuralink est source de craintes, qui peuvent même aller jusqu’à de la peur. Le philosophe Hans Jonas ne décrit pas la crainte comme un principe de faiblesse mais plutôt comme un principe empêchant d’agir, enclin à ralentir les progrès techniques. Cela signifie que pour lui, la peur devrait plutôt nous pousser à agir, bien qu’en général elle nous pousse à ne pas agir ou à éviter de prendre des risques. Pour la génération actuelle, l’introduction de cette puce peut se ressentir comme une peur, celle de perdre une part de ce qui fait humanité. Leur action (ou plutôt réaction) est alors de dire non à la puce. Si on va dans ce sens, l’utilisation est effectivement contraire à l’éthique de la responsabilité, qui prône d’agir de façon que les effets de nos actions soient toujours compatibles avec la préservation de l’espèce humaine. De plus, un autre danger qui effraye beaucoup de gens est lié à la possibilité d’avoir des erreurs ou mal fonctionnements techniques. Afin d’être éthiquement responsable, il est donc également indispensable d’assurer le bon fonctionnement de la puce et l’absence d’effets secondaires avant de la rendre disponible sur le marché.
Penchons-nous maintenant sur notre dignité humaine. Continuera-t-elle d’exister une fois la puce installée ? Certains se demandent en effet si le respect que nous méritons sera toujours effectif, ou si au contraire notre comportement sera influencé par cette puce, et nous serions alors assimilés plus comme des robots de comme des humains. Une autre crainte est celle qui réside dans le fait d'élargir l'écart entre les classes sociales, ce qui peut dans des cas extrêmes mener vers une "race supérieure" et une "inférieure". Il est cependant important de noter qu'il ne s'agit ici que de craintes et de spéculations, le but de Neuralink étant avant tout de guérir et d'ouvrir les portes à des possibilités qui "faciliteraient" la vie quotidienne.
En conclusion, bien que la technologie Neuralink ait pour but général d’améliorer les conditions de vie humaines, en guérissant et en améliorant certaines capacités, les deux aspects restent à dissocier. En effet, bien que l’utilisation réparatrice soit en accord avec l’éthique des responsabilités, l’utilisation améliorative, elle, n’y correspond pas ou est en tout cas plus sujet à débat. De plus, beaucoup de questions restent encore sans réponse, notamment celles de la conservation de l’humanité et du respect de la dignité humaine, pour lesquelles il faudra attendre la mise en service de la puce à grande échelle pour y répondre.