Résumé
L’éthique des vertus appuie ses réflexions sur les qualités morales d’une personne (telle que l’honnêteté,
la générosité, la justice, etc.). Celles-ci influent sur les décisions et les actions de la personne, la poussant vers le
bien et la réalisation de sois. Ce qui compte d’un point de vue moral aux yeux des partisans de cette éthique,
ce ne sont pas les normes qu’il suit ou le résultat de son action, mais bien les intentions qui poussent l’agent à entreprendre
une telle action. Un concept très important dans l’éthique des vertus est celui du bonheur car il est considéré comme le but
ultime des êtres humains. Pour décider si une action est bonne ou mauvaise, il faut se
demander si elle est accomplie pour une bonne raison et exécutée de la bonne manière. C’est en se basant sur cette dernière
définition axée sur la ‘’bonne action’’ que nous allons étudier le cas de Neuralink. 1
Réflexion
Pour Neuralink, il est bon de diviser la réflexion selon 2 points de vue différents. En effet, il y a l’action de développer
la puce, de la commercialiser et de l’implanter, donc le point de vue de Elon Musk et de la société Neuralink, mais
il y a aussi le point de vue de celui qui demande à recevoir la puce et de ses motivations. Selon
celles-ci, peut-on considérer qu’une telle puce est éthique ?
Pour commencer, intéressons-nous au point de vue de la société et des raisons qui la poussent à développer une
telle technologie. Sur le papier, Neuralink existe pour aider les personnes malades. En sachant ça, il est difficile
de discréditer les intentions de la société et de les faire passer pour des méchants. Mais si on prend le temps
de réfléchir un peu plus loin, Neuralink est une entreprise et Elon Musk un homme d’affaires brillant. Il sait quoi
dire et quoi faire pour se faire bien voir et attirer les investisseurs. De ce fait, le côté médical n’est-il pas
qu’une façade pour se donner bonne image ? Elon Musk n’a jamais caché le fait que les capacités réparatrices de la
puce n’étaient qu’un début et qu’à terme, la puce pourrait être utilisée par n’importe qui pour lui apporter les capacités qu’il souhaite.2
Malgré tout, et ce sans aucune certitude car on ne sait pas vraiment être sûr des intentions d’autrui, il semble que
les intentions qui animent Musk et la société Neuralink ne soient pas mauvaises. Maintenant, est-ce exécuté
de la bonne manière ? Cet aspect est un peu plus discutable. En effet, on parle ici d’un implant invasif dans le
cerveau et qui a pour vocation d'y rester un certain laps de temps. Selon le créateur, l’implentation
de ce dispositif serait très simple et ne laisserait qu’une petite cicatrice sur le crâne. Malheureusement, la technologie
n’est pas encore assez développée que pour que des tests sur humains aient lieu, nous n'avons donc pas vraiment la possibilité
de vérifier ces affirmations. En sachant cela, est-ce vraiment la bonne manière d’agir ? N’y a-t-il pas d’autres moyens
d’accomplir l’objectif principal de Neuralink sans cette contrainte d’être connecté ad vitam à un ordinateur ?
Ce qui est clair c’est qu’à l’heure d’écrire ces lignes, ni Neuralink ni aucune autre société ne propose une solution pour
que les tétraplégiques retrouvent leur mobilité, ou que les aveugles retrouvent la vue. Mais ce qui semble assez évident,
c’est qu’un implant cérébral permanent est loin d’être la seule possibilité à explorer.
Essayons maintenant d’étudier le point de vue du ‘’client’’ de cette technologie. C’est une question très difficile
à aborder car le principe de l’éthique des vertus, c’est qu’elle se concentre sur les vertus des individus, et tous les individus
sont différents et n’ont pas les mêmes qualités morales. Des bonnes raisons pour avoir recours à cette technologie, il y en a
pleins. Mais pour ces bonnes raisons, l’implant n’est pas toujours le bon moyen pour y parvenir. Prenons par exemple une
personne handicapée moteur, les raisons sont alors évidentes : retrouver une mobilité, prendre son indépendance,
voir même retrouver une certaine humanité. Les raisons sont donc plutôt bonnes. Dans un monde
hypothétique ou la puce marcherait et serait l’unique solution à ce problème, on pourrait aussi dire que le moyen de satisfaire
son besoin est bon aussi. Prenons maintenant un second exemple, une personne sans réel handicap mais sans emplois depuis des
années à cause de lacunes dans les langues, les mathématiques, les sciences, etc. Cet implant permettrait à la personne de se
remettre à niveau intellectuellement parlant et de trouver un travail beaucoup plus rapidement, l’individu a donc de bonnes
raisons d’avoir recours à cet implant. Cependant, dire que l’implant est un bon moyen d’arriver à ses fins est discutable dans
ce cas-ci. En effet, pour se remettre à niveau, la personne pourrait prendre des cours du soir, reprendre des études ou chercher
un travail qui est moins exigeant intellectuellement.
En conclusion, on peut considérer que Neuralink est une bonne chose dans le cadre de l’éthique des vertus car les intentions
de l’entreprise et des potentiels clients peuvent être considérées comme bonnes. Pour ce qui est d’être exécutée de la bonne
manière, Neuralink tend à nous dire que oui, mais il faut rester critique
et se rendre compte que ce n’est pas forcément l’unique solution. Il se peut que ça soit l’unique manière de résoudre certains
problèmes, mais il se peut aussi que ça ne le soit pas, seul l’avenir nous le dira.