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Ethique de Kant

Kant définit le devoir comme la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi. Selon cette éthique, et pour être en accord avec Kant, il faut dès lors se demander si une action, une manière d’agir peut en elle-même être définie comme loi. Pour déterminer si une maxime mérite d’être élevée au rang de loi, donc si il est de notre devoir d’agir de la sorte, Kant pose trois principes qui doivent impérativement être respectés : les principes d’universalisation (agir de manière telle que l’on souhaite devenir une loi universelle de la nature(que tout le monde agisse comme ça), d’humanisation (agir en considérant son prochain comme soi-même), et de législation universelle (agir de manière telle que la volonté principale puisse devenir une législation universelle).

Pour définir si l’utilisation de la puce Neuralink est conforme à cette éthique, nous allons la soumettre aux différents principes cités ci-dessus. On distinguera à chaque fois l’objectif de « guérison » de celui d’ « amélioration », ce dernier se rapprochant dès lors plus d’une vision transhumaniste.

Principe d’universalisation :

Peut-on souhaiter que tout le monde puisse utiliser cette puce ?

Du point de vue d’une utilisation purement réparatrice :

Cela pourrait permettre de sauver des vies, d’en rendre d’autres plus actives en permettant par exemple de récupérer des fonctions motrices ou intellectuelles essentielles. On pourrait également imaginer guérir des troubles neurologiques comme Alzheimer. A partir du moment où l’on croit en les capacités de la puce, aucune personne sensée ne pourrait être contre une telle invention et son utilisation de tout un chacun.

Du point de vue d’une utilisation purement améliorative :

Cet aspect de la technologie est plus sujet à débat. En effet, si certaines personnes avaient accès à un tel « pouvoir », elles auraient indéniablement un avantage sur tous les autres, elles seraient « meilleures » dans le domaine concerné, et ce en un claquement de doigt. Si l’entièreté de l’espèce humaine avait cette puce, pourquoi pas. Après tout, on ne ferait qu’augmenter le standard de capacité. Mais il est fort probable (pour ne pas dire certain) que des personnes soient réticentes à cette technologie par manque de confiance ou conviction personnelle, ce qui creuserait d’avantages les écarts sociaux et, surtout, instaurerait une inégalité non plus basée uniquement sur les richesses matérielles qui, dans une certaine mesure, sont toujours atteignables pour qui le veut, mais sur les capacités propres et intrinsèques des Hommes.

Principe d’humanisation :

Peut-on considérer que l’on accorde la même valeur à son prochain qu’à soi-même en utilisant une telle puce ?

Du point de vue d’une utilisation purement réparatrice :

La santé étant sans doute la plus grande des inégalités chez les êtres humains, l’invention d’une telle puce permettrait de remettre tout le monde sur un même pied d’égalité. Cependant, il faudrait que tout ceux qui le souhaitent puissent y avoir accès, sans quoi cela créerait alors des inégalités encore plus grandes. Prenons un exemple : Si j’utilise cette technologie, qui va me permettre de retrouver l’usage de mes jambes jusqu’ici non-fonctionnelles, est-ce que je considère toujours mon prochain comme égal si celui-ci, souffrant des mêmes maux, n’y a pas accès ?

Du point de vue d’une utilisation purement améliorative :

Dans ce cas, la question n’est plus uniquement de savoir si tout le monde souhaite y accéder, mais si tout le monde veut l’utiliser. En effet, si une personne l’utilise pour améliorer, par exemple, ses capacités intellectuelles, mais qu’une autre personne est contre cet objet, et ne l’utilisera donc pas, il est évident que la première aura un avantage sur la seconde. De nouveau, accepter de s’améliorer tout en sachant que d’autres ne le feront pas, c’est accepter de devenir supérieur, ce qui implique de ne plus se considérer comme égaux.

Principe de législation universelle :

Peut-on souhaiter que l’utilisation d’une telle puce soit légiférée universellement ?

Du point de vue d’une utilisation purement réparatrice  :

Les gens seraient très certainement prêts à accepter une telle loi, étant donné que cela ne concernerait que le « rééquilibrage » des capacités des personnes malades, ayant un pronostic vital engagé ou encore accidentées, par rapport aux autres. L’empathie joue dans cette situation, car l’humain a une part d’empathie en lui, il serait donc logique que les gens l’acceptent dans un but purement réparateur.

Du point de vue d’une utilisation purement améliorative :

Premièrement, les questionnements soulevés et les avis fondamentalement opposés rendraient, dans ce cas, plus compliqué l’acceptation d’une telle loi. Ensuite, dans une société démocratique, qui se veut entre égalitaire et équitable comme la nôtre, accepter que certains privilégiés puissent augmenter leurs capacités physiques et/ou intellectuelles aussi simplement et rapidement pourrait être relativement injuste.

En conclusion,D’après l’application des différents principes de Kant sur l’utilisation de la puce Neuralink, on constate que son utilisation dite purement réparatrice peut être considérée comme en accord avec l’éthique des devoirs. Dans ce cas, méritant d’être élevée au rang de loi, il serait de notre devoir de promouvoir l’utilisation de la puce. D’un autre côté, l’aspect amélioratif ne respecte lui pas tous les principes, notamment celui de législation universelle.

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