Enquête grand public


Afin d'avoir une vision plus globale du problème, nous avons établi une enquête publique qui nous a permis de récolter pas moins de 160 avis de personnes travaillant dans différents domaines : ingénierie, santé, enseignement, psychologie, etc. Nous présentons ici les résultats de ce sondage ainsi que quelques témoignages intéressants.


Afin d'introduire le sujet, nous avons présenté plusieurs situations pour apprendre à arrêter de fumer, en partant de l’hypnothérapie. De manière générale, nous avons remarqué que plus de 80% des personnes interrogées étaient prêtes à tenter l'hypnothérapie. Cependant, lorsque la séance avait lieu par écrans interposés, 45% de personnes ont changé d'avis. Nous avons ensuite considéré qu'une séance d'hypnothérapie pouvait avoir lieu avec un médecin virtuel, que l'on pouvait voir ou simplement avoir en conversation téléphonique. Trois quarts des personnes interrogées ont alors refusé de pratiquer la séance pour raison d'un manque de confiance et de relations humaines. Une méthode plus efficace que l'hypnothérapie serait une application dissuasive, déclenchée de manière automatique. Cette solution a séduit la moitié des personnes interrogées étant donné son efficacité, mais a repoussé l'autre moitié par son intrusion dans la vie privée. Enfin, la dernière méthode présentée était l'intégration d'une puce "intelligente" dans le corps, ce à quoi 80% des interrogés ont dit non par peur des dérives et de perte de contrôle.


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Le but de cette première partie était de voir à quel point l'humain était-il prêt à accepter l'utilisation d'une technologie intrusive pour améliorer son quotidien. Nous déduisons ici que l'Homme se sent plus en confiance avec un pair qu'avec une technologie présentant les mêmes capacités, voire même plus de capacités. Par ailleurs, l'Homme est très méfiant vis-à-vis des technologies intrusives et cela, même si elle est susceptible de rendre sa vie meilleure. Toutefois, cette intrusion ne semble pas aussi marquée dans l’esprit des gens lorsqu’il s’agit d’une application mobile.


Nous entrons alors dans le vif du sujet : la programmation neuronale. Si elle est utilisée afin d'acquérir de nouvelles compétences, 60% des personnes interrogées y sont favorables. La rapidité d'apprentissage paraît plaire à certains tandis que la perte de mérite lors de l'apprentissage déplaît aux autres. Nous ajoutons maintenant le fait que la PN est capable d'induire des capacités liées à la personnalité (humour, politesse, créativité, …). Cette nouvelle fonctionnalité fait polémique et plus de 85% y sont opposés puisque selon eux, nous perdrions notre naturel, notre personnalité et surtout notre diversité.


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Cela s'aggrave encore lorsque nous proposons l'idée que tout apprentissage, quel qu'il soit, peut se faire par programmation neuronale. En effet, les interactions sociales représentent une part importante de la vie de l'Homme et l'idée de ne plus en avoir peut en effrayer certains. Enfin, 9 personnes sur 10 estiment que la PN mènerait à terme à un conformisme et à un affaiblissement des interactions sociales.


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Pour terminer, nous avons exploré la question éthique liée à la programmation neuronale. Le fait que l'apprentissage soit automatique et sans efforts dérange 60% des gens. Par contre, lorsque nous mentionnons que la PN permettrait une réinsertion sociale pour certaines personnes en déficience mentale, 70% y sont favorables. La tendance s'inverse de nouveau lorsque nous évoquons un éventuel accroissement du clivage social, avec 80% des personnes opposées à la programmation neuronale. Nous voyons bien que les avis restent mitigés même si la tendance générale semble se dessiner. La programmation neuronale pose déjà un réel problème éthique même si elle ne sera au point que dans quelques années.



Quelques témoignages ...


"Je considère que chaque personne est comme elle est dû à son éducation, son entourage, son passé. Bypasser tout cela ne donnerait plus aucune valeur au travail que font les parents, les enseignants, et non plus aux expériences de la vie en général."


"L’homme est un être social qui ne vit que dans un environnement social composé de ses pairs et ses institutions. Les parents ont psychologiquement et biologiquement une place prépondérante dans ce processus en faisant intégrer à l’enfant non seulement une langue pour conjuguer sa pensée mais comprendre les concepts de « moi et non-moi », règles sociales et acceptation de la contrainte (sans compter l’amour qui est vital à tout humain). Supprimer cela entravera le développement sain de l’individu car il supprimerait le rapport à l’Autre qui possède la place la plus IMPORTANTE dans la construction de l’individu. Ensuite, je pense que nous perdrions beaucoup à supprimer l’effort de compréhension dans l’apprentissage car c’est de cette manière que naît la diversité d’opinion, les différents points de vue d’une même réalité amenant à une compréhension de plus en plus fine et fidèle de celle-ci. Enfin, l’apprentissage comprend également la manipulation pratique, l’utilisation du savoir en articulation avec le réel pour pouvoir non seulement comprendre mais savoir ! Nous pourrions donc voir nos performances baisser sans ce processus central..."


"Je pense que si c’est pour réparer c’est potentiellement très bien. Par exemple, pour des personnes ayant divers troubles mentaux à retrouver un équilibre plus sain pour eux et leurs proches. Un autre exemple pourrait être l’aide aux personnes qui ont vécu un traumatisme ou une lourde dépression.
Quand il s’agit de vouloir combler l’égo de quelques riches afin de les faire devenir des super humains capables de réciter toute la poésie anglaise du 17ème ou pour être capable de réfléchir 3x plus vite ça me dérange. Les différences sociales sont déjà assez grandes que pour les aggraver avec ce type de méthodes."


"Un cerveau (sans problèmes) a déjà des capacités magnifiques. L'apprentissage peut être dur, long, mais c'est indispensable pour créer la fierté, pour distinguer les individus (certains se donneront du mal pour un certain domaine, d'autres pour d'autres domaines…). La programmation neuronale peut mener à vouloir toujours plus (plus de connaissances…) et remet en question le but de la vie (si je sais tout ce que je veux, facilement et rapidement). On perd le sentiment simple de vivre, pour aller vers le 'toujours plus'."


"Je voulais juste ajouter à la question des personnes handicapées qu’elles n’ont pas à être normales. Elles sont qui elles sont et leurs conditions ne font pas moins d’eux des êtres vivants égaux en droits. Je vois un totalitarisme à peine déguisé dans cette volonté d’obliger même les personnes souffrant de troubles mentaux, innés ou acquis, à penser comme on s’imagine qu’un individu devrait le faire."


"Pour moi, l'apprentissage c'est aussi la volonté d'apprendre.
Aujourd'hui, nous avons accès à des milliers d'informations par internet, dans les bibliothèques, les journaux. Est-ce que pour autant nous passons nos journées à nous cultiver ? Non, on continue à regarder des matches de foot, des télé-réalités idiotes, etc. Donc, j'ai bien peur que même si on a accès à un savoir illimité, on ait juste la flemme de faire la démarche d'apprendre tout ça. On ne sèchera plus nos cours mais nos séances de programmation neuronale."


"Je pense que bien utilisée et de manière raisonnable, la programmation neuronale peut être bénéfique (ex : personnes souffrant d'un handicap mental). Mais il y a aussi beaucoup de risques. Par exemple, disponible à la population, cela peut entrainer les plus riches à l'utiliser, les plus pauvres n'ayant pas les moyens. Je trouve aussi que cela peut entrainer une perte de créativité et d'originalité : chacun est motivé par différentes choses, et s'oriente aussi en fonction de ses capacités (cognitives et physiques). Si on peut apprendre tout ce qu'on veut facilement, cela peut finalement démotiver… Qu'en est-il de la passion, où on cherche à découvrir, où on passe du temps et de l'énergie, créant un sentiment magnifique une fois qu'on sent qu'on touche quelque chose ? La passion qui permet un engagement dans une activité qui "nous définit", et qui représente une partie de notre identité ? Enfin, même si je trouve l'idée de programmation neuronale épatante et tentante (elle pourrait, c'est vrai, faciliter beaucoup de choses et permettre d'aller plus vite dans les découvertes et recherches, notamment scientifiques, médicales, environnementales…), je pense que dans notre monde actuel il est plus sage de chercher à revenir aux sources, à la "nature". Arrêter d'être dans l'idée du toujours plus, toujours plus loin… pour accepter nos points forts et nos points faibles, et vivre avec."


"En soi, la programmation neuronale est un progrès technique majeur, mais ce que font les hommes de ces progrès ne me rassure pas."