Résumé des débats


Certaines réactions rejoignaient des discussions que nous avions déjà eues au sein de notre équipe. Par exemple, le risque, si tout le monde pouvait apprendre n’importe quelle connaissance et donc a priori exercer n’importe quelle profession, serait une pénurie dans certains corps de métiers moins « glamours ». Un autre point concernait les pertes de communications. Si nous savons tout, quel serait l’intérêt de communiquer, de collaborer et que pourrait-on encore apprendre de l’autre ? Ce qui fait la beauté de l’Homme pour certains, c’est aussi sa faculté à s’étonner de cet autre, à le découvrir, à comprendre ses habitudes et sa culture.


Le risque, selon un étudiant, serait aussi que la société perde sa faculté à découvrir de nouvelles choses. Selon lui, le domaine de la recherche et du développement serait impacté car c’est en apprenant de nouvelles choses, en développant son apprentissage et en mettant en œuvre sa créativité, que l’on arrive à faire de grandes découvertes.


Si la PN pouvait être utilisée lorsque nous dormons, ce serait mettre ce temps « perdu » à profit et ce serait pratique d’apprendre des choses sans se fatiguer (comme ingérer des pages de Wikipédia). Toutefois, pour des travaux d’analyse, l’outil ne semble pas convaincre. De plus, bien que la PN pourrait peut-être combler les lacunes d’un enseignement non spécifique à chaque individu, l’utilisation de cet outil dans l’apprentissage pourrait mener à une « course à la connaissance ». Par conséquent, les personnes qui n’utiliseraient pas la PN se retrouveraient complètement en marge des autres et subiraient une forme de pression sociale à l’utiliser pour être « à niveau ».


La notion d’effort a aussi été abordée. Les musiciens de la classe se sont exprimés sur la beauté d’un talent qui se construit avec effort au bout de nombreuses heures de pratique. Le plaisir d’écouter un virtuose du piano ne serait sans nul doute plus le même si le pianiste tenait son talent de la PN. De plus, certains concours comme le concours Reine Elisabeth, n’auraient plus lieu d’exister si tout le monde pouvait en une nuit devenir un virtuose et on perdrait sans doute quelque chose à ce niveau-là. D’autres ajoutent même que ce qui compte ce n’est pas le résultat mais le trajet que nous empruntons lorsque nous construisons un apprentissage. Apprendre est un combat. L’intérêt de la guitare, c’est d’apprendre à en jouer.


Certains exemples ont amené le débat vers certaines questions que nous n’avions pas abordées sous le même angle. Par exemple, le cas des hauts potentiels posait question. En effet, ces personnes savent beaucoup plus de choses et peuvent pourtant éprouver des difficultés dans la communication avec leurs pairs. Serait-il alors bon pour tout un chacun d’en savoir autant ? Selon une citation d’Amélie Nothomb, « Le sens moral disparait au-dessus de 180 de QI ». L’inquiétude de cet étudiant était donc de savoir s’il était vraiment judicieux qu’une seule et même personne possède autant de connaissances. Ce à quoi d’autres répondent que les jugements moraux, loin d’être irrationnels (au contraire), ne seraient donc pas un problème pour des êtres « super intelligents » qui auraient peut-être même un sens plus aigu des injustices comme nous pouvons déjà le constater sur des personnes HP de nos jours.


Un autre point concernait les dérives de la PN au niveau de la construction des programmes à enseigner qui ne serait pas neutre. En effet, qui déciderait de ce que nous apprendrions ? Et comment être sûr que le savoir est objectif, sans couleur politique transparaissant par exemple ? Certains étudiants soulignent le fait que ces biais dans la façon d’enseigner existent déjà à l’heure actuelle mais que la PN pourrait peut-être amplifier le problème. Un autre aspect à prendre en compte est aussi le contexte dans lequel nous recevons certaines informations. En fonction de la personne que nous avons en face de nous, nous pouvons juger de la véracité et de l’objectivité des informations en connaissant l’orientation politique de la personne, son background, … Ce filtre, on le perdrait complètement avec la PN. Et qu'en serait-il alors de l’esprit critique ? Pour certains, il serait mis à mal car les informations seraient stockées sans être analysées dans notre cerveau tandis qu’un avis contraire s’élève pour dire qu’au final, la PN pourrait amener des informations de sources très diverses et que l’esprit critique pourrait alors justement se développer de façon optimale en confrontant toutes ces connaissances et leurs sources. Cependant, des choses comme l’éthique ne pourraient pas s’apprendre par la PN et la magie de l’enseignement dans ce qu’il a de plus passionné, ne résiderait-il pas dans le contact humain ?