L’avis général de l’équipe est que l’intelligence artificielle peut être un outil puissant et extrêmement pratique pour faciliter le travail des différents acteurs de la justice. Que ce soit en triant toute la documentation liée à un procès, en facilitant la recherche d’informations précises dans ces mêmes documents ou encore en automatisant des tâches administratives comme la rédaction de rapports, les ordinateurs peuvent faire gagner une grande quantité de temps dans les démarches. L’idée d’une IA prédictive qui aiderait les juges à prendre leur décision nous semble elle aussi être une piste intéressante et tout à fait envisageable d’un point de vue éthique. Par contre, nous estimons qu’il ne faut en aucun cas remplacer totalement les humains par des machines. La justice est un domaine qui demande de l’empathie et possède une dimension sociale au-delà de l’aspect objectif et impartial. Il ne suffit pas d’appliquer mot pour mot les textes de loi quelle que soit la situation sans jamais les remettre en question. Certains cas sont plus délicats que d’autres et nous doutons qu’une machine puisse discerner ces nuances dans la manière dont ces jugements sont rendus.
Notre analyse basée sur les différentes éthiques vues au cours nous conforte dans cette idée. En effet, les trois éthiques laissent à penser que les deux premières possibilités sont préférables à la dernière. L’éthique des responsabilités tend à nous faire préférer le cas où l’IA rend un jugement sur lequel le juge peut s’appuyer pour prendre sa décision. Tandis que l’éthique des conséquences préfère limiter le rôle des machines et les utiliser uniquement comme outil pour simplifier le travail des juges et avocats.
Dans l’ensemble, la population a un avis similaire au nôtre, voire encore plus strict contre l’IA. Le sondage que nous avons réalisé en ligne montre que la majorité des personnes interrogées ont une vision négative de l’intelligence artificielle et sont défavorables à son utilisation trop prononcée en justice. Environ la moitié d’entre eux estime qu’elle ne pourra pas conduire à des décisions plus justes. De plus, dans le cadre de nos scénarios, nous découvrons que 13% des répondants sont contre toute forme d’utilisation de l’IA en justice et seulement 49% pensent qu’il serait intéressant de proposer des jugements au juge par une machine, alors même qu’un humain garderait la décision finale.
Si notre étude est favorable à l’insertion des intelligences artificielles en justice, nous concluons que celle-ci doit rester limitée et l’humain doit garder le contrôle de cette institution. Nous voyons aussi que cette insertion devra se faire petit à petit et de nombreux progrès seront nécessaires pour prouver son utilité au grand public. A l’heure actuelle, il est difficile d’imaginer des situations similaires à celles que nous avons inventées durant notre réflexion et il nous faudra encore faire de grandes avancées en matière d'entraînement des IA mais surtout d’explicabilité et de transparence.