Avant de s’intéresser à cette question, il est important de définir la notion de cyberjustice. La cyberjustice représente le lien qui existe entre la justice et l’intelligence artificielle (il n’y a pas que l’IA). La cyberjustice est l’étude de l’usage et de l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les processus de résolution des conflits – judiciaire ou extrajudiciaire. Cela comprend la mise en réseau de tous les acteurs de la chaîne informationnelle et décisionnelle dans les affaires judiciaires. On parle alors plus précisément de système intégré d’information de justice.
Actuellement, il n’y a que la France qui rend possible le suivi d’un enseignement sur la cyberjustice. C’est la faculté de droit de l’université de Strasbourg qui propose un master en cyberjustice. Voici les objectifs du programme de ce master : Le parcours Cyberjustice a pour objectif de proposer aux étudiants qui souhaitent s’orienter vers les différentes professions juridiques (magistrat, avocat, juriste d’entreprise, etc.) une formation adaptée aux évolutions contemporaines de ces professions liées au développement des nouvelles technologies.
Pour que ce soit plus concret, il me semble important de mettre en évidence ici le témoignage d’un étudiant pour illustrer un peu plus l’importance de ce concept qu’est la cyberjustice dans l’étude de l’utilisation de l’IA dans le domaine de la justice :
Interview d’un étudiant de la faculté de droit de Strasbourg. Il suit le master de cyberjustice.
LA CYBERJUSTICE C’EST QUOI ?
“La cyberjustice c’est l’utilisation des outils du numérique dans le domaine de la justice tout simplement”.
UN EXEMPLE D’APPLICATION ?
“Par exemple, on a des outils de justice prédictive qui vont être utilisés dans un procès civil notamment aux Etats-Unis donc on va apprendre par exemple à parler du logiciel COMPAS qui permets d’établir des profils, de savoir si une personne va récidiver ou pas selon des statistiques, des probabilités”.
QUELLE FORMATION FAUT-IL FAIRE ?
“Le master II de cyberjustice il a ouvert cette année à la faculté de droit de Strasbourg, il consiste à combiner vraiment le droit, les nouvelles technologies et tout ce qui est relatif à l’innovation”.
QUELLE EST SA PARTICULARITE ?
“Cette formation en fait c’est toujours : On prend une matière, je disais contentieux administratif, les droits fondamentaux, les choses comme ça. On prend une matière et on y rajoute le numérique, on se dit comment les outils du numérique, comment internet va modifier cette matière dans le temps ou l’a déjà modifiée d’ailleurs”.
QUELS SONT LES DEBOUCHES ?
“ça reste quand même une formation qui est très généraliste donc ça veut dire que suite à cette formation on peut tout à fait passer les concours pour être avocat, magistrat, travailler en police en cybersécurité, travailler en ministère par exemple, être juriste d’entreprise. A vrai dire c’est une formation qui donne les clefs pour avoir un autre regard sur le domaine de la justice mais qui ne ferme pas de porte en fait aux professions du droit”.
FAUT-IL ETRE UN CRACK EN INFORMATIQUE ?
“Oui et non dans le sens où pour ma part je suis arrivée dans ce master : J’avais aucune notion du droit numérique. J’avais aucune notion également d’informatique. Je savais à peine coder en HTML mais sinon je suis arrivée comme la majorité de ma promotion : on avait aucune base en informatique. Après cette formation nous donne des clefs, c’est à nous de voir si on ne veut pas être bon mais excellent donc justement en développant un peu plus nos connaissances en matière d’informatique. Par exemple pour ma part j’ai commencé cette année une licence en informatique, parcours cybersécurité pour pouvoir non seulement connaître mais aussi comprendre et pouvoir répondre vraiment aux problématiques qui sont liées au numérique”.
UN MASTER D’AVENIR ?
“C’est un master qui vient d’ouvrir qui est donc tout nouveau, tout neuf et c’est le moment justement d’aller dans cette formation parce que dans quelques années c’est certain que ces masters vont fleurir. On a énormément de masters en cybersécurité qui fleurissent et la cyberjustice ça vous permet d’avoir énormément de thématiques qui sont abordées”.
En ce qui concerne l’éthique qui accompagnera l’utilisation de l’IA dans la justice, la Commission européenne pour l’efficacité de la justice (CEPEJ) du Conseil de l’Europe a adopté le premier texte européen énonçant des principes éthiques relatifs à l’utilisation de l’IA dans les systèmes judiciaires.
On peut observer que dans le programme de cours du master en cyberjustice de la faculté de droit de Strasbourg il y a un cours concernant la coopération Européenne, ce qui semble être le cours qui pourrait aborder ces principes éthiques énoncés (information à vérifier).
Références :