Eudémonisme

Lorsqu’on se renseigne sur l’éthique des vertus ou l’eudémonisme et l’origine de celle-ci, on remonte systématiquement à un nom bien connu : Aristote, qui a tenté d’apporter sa propre définition du bonheur. Pour lui le bonheur constitue un accomplissement, une fin que l’homme peut atteindre en étant vertueux. L’homme, qui est le point central et l’élément autour duquel le développement éthique doit être réalisé, ne doit pas commettre d’excès et trouver un équilibre entre 2 vices : entre le « trop » et le « trop peu ». Sa vie doit être dictée dans le but d’atteindre une forme d’idéal humain.

Dans les lignes qui suivent nous allons nous pencher sur tout ce qui est dit à propos de cela et plus particulièrement de l’eudémonisme et comment il peut s’appliquer à notre sujet.

On peut tout d’abord considérer une vertu qui est le courage. Si on considère l’intervention de l’intelligence artificielle pour l’aide à la décision dans la justice, l’homme pourrait paraitre lâche en se déchargeant partiellement d’une part de responsabilité en évoquant que sa décision s’appuie sur une machine programmée. Dans ce cas la responsabilité pourrait être partagée entre le juge et le créateur de cette forme d’intelligence. D’autre part, en n’utilisant pas cette aide qui lui est proposée, l’Homme pourrait sembler faire preuve légitimant d’une certaine retenue mais également d’un manque d’humilité (si l’on considère que le refus est lié au fait que le décideur estime que seul son jugement est valable) alors que l’IA pourrait l’aider à prendre des décisions plus justes et l’assurer de faire preuve d’impartialité.

On peut également considérer une deuxième vertu : la sécurité. En effet, si l’IA est utilisée dans le cadre de la justice prédictive pour établir éventuellement le profil type et pourquoi pas évaluer les possibilités de récidive de la personne. Cela permettrait de prendre les mesures et décisions adéquates pour ne laisser ou rendre sa liberté à un individu qui représente toujours une menace et pourrait nuire à la sécurité de la société. Mais là aussi il faut trouver un juste milieu pour éviter qu’au contraire une personne innocente ou repentie se retrouve inutilement derrière les barreaux à cause de cet outil qui est censé encore une fois rendre les décisions plus justes.

Penchons-nous à présent sur une dernière vertu : la prudence. En effet, une personne pratiquant dans le domaine judiciaire depuis de nombreuses années voyant arriver cette nouvelle technologie pourrait faire preuve de méfiance vis-à-vis de celle-ci. Cette réaction semblerait entièrement logique si l’on considère que cette personne a toujours pratiqué sans aucune aide que celle d’un autre Homme et ne verrait peut-être pas l’utilité de ce « plus » si ce n’est modifié ses habitudes prises et entretenues depuis toujours. Outre le fait de la perturbation de la routine lié à l’introduction de l’intelligence artificielle dans le milieu judiciaire les acteurs de ce domaine pourraient voir à travers cette forme d’intelligence une sorte de concurrence à leur profession.

En suivant le chemin de réflexion préconisé par l’éthique des vertus on pourrait dire que la décision de l’utilisation de l’IA dans la justice revient à chacun. En effet, selon cette voie, l’Homme est au centre et sa vie doit être guidée dans le seul objectif d’atteindre un idéal. Il serait donc éthiquement parlant logique de laisser chaque individu décider de son utilisation s’il estime que ce progrès technologique peut le rendre meilleur dans son travail quotidien.