POLLUTION NUMÉRIQUE

Définition de l'éthique selon Kant

Dans son approche éthique, Kant veut baser sa loi morale sur la raison. Pour expliquer cette démarche, nous allons comparer l’éthique de Kant à l’éthique utilitariste qui elle n’est pas purement rationnelle. Les utilitaristes ont une sorte d’axiome qui dit que le bonheur est favorable, il est donc moralement souhaitable pour eux de maximiser celui-ci.

Cependant, cet objectif est défini de manière irrationnelle, ce qui en fait une morale conséquentialiste. Pour Kant, la loi morale devrait prendre la forme d’un impératif catégorique (« Tu dois ! »). En partant de cet impératif, il est plus simple de remettre en question le fondement d’une morale conséquentialiste tel que l’utilitarisme : Pourquoi avoir comme objectif de maximiser le bonheur général ? Il s’agit d’un impératif hypothétique, nos lois morales sont établies en fonction de leurs conséquences ; une telle loi ne nous indique pas ce que nous devons faire.

On peut donc dire qu’être morale, c’est agir par pur respect de la loi morale. Kant base son éthique sur 3 piliers :

Le principe d’universalisation :

Avec ce principe, Kant nous suggère de nous poser la question : « Est- ce que je voudrais que tout le monde agisse comme moi ? » Si on ne veut pas que cette action soit faite par une tierce personne, alors cette action est moralement mauvaise.

photo de Kant

Le prince de réciprocité :

Ensuite, dans ce second pilier de l’impératif catégorique, Kant veut traiter l’humanité comme une fin. Toute action moralement correcte voudrait donc que l’humain soit utilisé comme une fin et non un moyen. L’auteur affirme que tout être doué de raison ne peut pas consentir à être utilisé comme un moyen, et que dans le cas contraire, il serait dans tous les cas vu comme une fin.

Le principe de légalisation universelle :

Ce principe exprime le fait qu’une loi qui suit l’impératif catégorique doit venir de la volonté de l’agent lui-même, et non de toute autre influence extérieure.

Cette éthique pourrait donc se résumer par la maxime suivante : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »

L'utilisation du numérique d'un point de vue kantien

On peut se demander s’il est rationnel de penser qu’une action qui défend l’environnement au détriment du numérique est éthiquement bonne. Pour se faire, il suffit de lui appliquer les 3 principes qui régissent l’impératif catégorique de Kant.

En se penchant sur l’inégalité de la répartition des impacts des TIC sur Terre ainsi que de la consommation de ceux-ci, il est facile de s’imaginer que l’emploi abusif des technologies du numérique ne passe pas le test d’universalisation. Une généralisation de l’emploi des TIC sur Terre engendrerait un énorme effet rebond, ce qui ne ferait qu’empirer les choses.

D’un autre côté, si nos actions sont guidées dans le but d’atteindre un objectif qui semble éthiquement bon, nous sommes tout de même guidés par un agent extérieur et notre réflexion ne provient donc pas de la raison pure ! C’est ce qui est appelé le conséquentialisme de la règle, cette manière de penser permet de faire un lien entre la déontologie et le conséquentialisme.

Appliquer l’éthique kantienne est donc un exercice compliqué à partir du moment où on entre dans une problématique plus complexe telle que la nôtre. Pour ce faire, nos mesures prises dans le but de limiter l’impact climatique de nos activités devraient provenir de notre raison pure. Cependant, au vu de notre réflexion, nous pensons que l’humain devra être utilisé comme un moyen si l’on veut protéger notre climat.