Introduction
Il était intéressant de recueillir l’avis d’un grand nombre de personnes de tout âge et de spécialités différentes sur notre sujet. En effet, pour appréhender d’un point de vue éthique l’autonomie que l’on doit accorder à l’IA, savoir ce que les gens sont prêt à accepter apporte un regarde constructif sur la question. Notre sondage a reçu plus de 120 réponses ce qui permet une vue global des divers profils des citoyens de notre société face à l’IA.
D’après les résultats obtenus et développés ci-après, on se rend compte qu’il reste une crainte générale provenant de la population quant au fait de laisser une total autonomie à l’IA surtout dans certains domaines ou pour certaines actions.
Public sondé
Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés au profil des gens interrogés pour voir s’il y avait une corrélation entre certaines de leurs caractéristiques et leur avis.
On remarque que la majorité des gens ayant répondu au sondage ont entre 18 et 24 ans ou entre 41 et 50/60 ans et qu’il y a une équitabilité du nombre d’homme et de femme.
On peut également voir que plus de 66% des personnes interrogées possèdent déjà un diplôme d’études supérieurs avec 59% de travailleurs actifs.
Nous sommes contents de voir que le sondage a reçu des réponses de personnes venant d’une grande variété de secteurs. Cela permet un avis plus large sur le sujet et provenant de personnes connaissant plus ou moins bien l’IA. Malgré tout, il y a quand même 60% des participants qui sont dans le secteur informatique ou de l’ingénierie.
Questions relatives à l’intelligence artificielle
Etes-vous sensible au domaine de l’intelligence Artificielle ?
Au vu des résultats précédents, il semble logique que seulement 16% ne semble pas être sensible au domaine de notre étude.
Pour la suite du sondage, nous avons demandé aux sondés si l’IA a un impact favorable (en rouge), défavorable (en gris) ou aucun impact (en bleu) en fonction de la situation soumise.
Lorsqu’un avis est partagé à plus de 50% par les utilisateurs, la proposition est surlignée dans la couleur adéquate. On remarque donc une majorité des situations pour lesquelles l’intelligence artificielle aurait un impact positif selon les sondés, notamment dans des domaines comme la sécurité, le confort, l’aide, l’efficacité ou les performances. On garde donc cette optique d’utiliser l’IA pour améliorer notre confort de vie. A contrario quand il s’agit de déterminer la vérité ou de prendre le pouvoir, l’avis général change. On peut voir dans ces deux cas une forme de partialité que les gens ont du mal à imaginer si elle provient de l’IA. Le reste de nos propositions tournent plutôt autour de l’entraide ou la coopération entre les humains. L’avis globalement neutre à tendance bleu nous permettent de penser qu’il n’y a, selon les gens, aucun intérêt à introduire de l’intelligence artificielle lors d’intéractions humaines.
D’après vous, quels sont les risques liés à l’Intelligence Artificielle ?
Quelques-unes des réponses collectées :
Pas de cadre légal établi.
Risques d’abus, d’utilisation à tout va dans des domaines qui n’en ont pas besoin. Risque de disparition du libre arbitre, de savoir faire un choix autonome par soi-même (Pourquoi devrait-on décider nous-mêmes si une IA le fait pour nous ?). Risque de remplacements de certains métiers par des IA. Diminution du savoir. Plus besoin de connaître mais simplement de demander à une IA. Risque de fausses informations. Une IA reste programmée par des êtres humains et peut très bien générer des résultats erronés.
Le fonctionnement interne n’est pas encore totalement maîtrisé et compris, et on ne peut pas compter sur l’IA pour être 100% transparente. Des expériences ont déjà montré qu’elle était capable de duplicité et de tromperie pour arriver aux buts fixés.
S’appuyer sur des données incomplètes, mélanger des données récentes et anciennes, perte de la capacité analytique des humains, incapacité à partir de la page blanche pour innover/inventer sur base d’une idée avant-gardiste.
Manipulation/propagande par des régimes dictatoriaux, usage de données biaisées, sécurité et confidentialité. Perte d’emplois dans certains secteurs où l’humain sera remplacé par des machines.
Définissez l’Intelligence Artificielle en quelques mots :
Quelques-unes des réponses collectées :
Les machines qui développent une intelligence humaine.
Algorithme capable d’apprendre par lui même et de s’adapter.
Outil facilitant les tâches redondantes pour l’humain.
Outil informatique d’aide à la prise de décision.
Compilation de bases de données questionnables de manière immédiate et dont le résultat est filtré par des algorithmes qui structurent la réponse donnée.
En analysant les réponses, nous remarquons que l’association à l’humain est présente dans plus de la moitié des réponses. Les notions d’apprentissage et d’aide pour l’homme reviennent également de façon récurrente.
Mise en situation
Nous avons ensuite mis les personnes dans des situations claires en demandant leur appréciation par rapport à ces dernières.
Situation 1
73,2% des sondés tendent à dire qu’ils seraient d’accord de laisser une IA détecter une maladie grave en se basant sur des diagnostics antérieures.
Situation 2
89,4% des gens ne sont pas prêts à laisser le diagnostic être établi par une IA. La différence avec la situation précédente se marque par l’absence d’une intervention humaine dans ce cas. Nous remarquons que la majorité des personnes sondées refusent de n’avoir une interaction qu’avec une IA. Cela laisse entendre qu’ils ne sont pas pour une autonomie de celle-ci dans le cadre du diagnostic.
Situation 3
Dans cette situation, l’avis est globalement partagé, 47,1% seraient d’accord pour 39,8% qui ne sont pas d’accord de laisser une IA les aider dans un travail professionnel. Cela montre que les répondants peuvent soit avoir tendance à préférer que leurs productions soient entièrement personnelles soit accepter l’IA comme un outil d’aide à la rédaction.
Situation 4
L’avis est partagé également lorsque l’on propose aux gens de prendre des transports en commun piloter par une machine. 40,7% seraient globalement d’accord pour 41,4% de répondants qui ne seraient globalement pas d’accord.
Situation 5
Lorsque l’intelligence artificielle conduit une voiture et non un bus, les pourcentages restent assez similaires. Il y a maintenant 44% de gens qui ne sont pas d’accord et 39% qui le sont. L’écart se marque donc légèrement plus en faveur du contre lorsqu’on conduit une voiture personnelle.
Situation 6
Imaginons que l’intelligence artificielle atteigne une autonomie d’apprentissage suffisante pour égaler les capacités du cerveau et de la conscience humaine. Dès lors, elle serait présente dans tous les domaines : l’enseignement, la politique, l’écriture de nouvelle loi, … Est-ce imaginable pour vous de prendre part à une société où l’intelligence artificielle prendrait des décisions aussi importantes ?
Cette dernière mise en situation nous montre que plus de 88% des gens interrogés ne sont pas prêts à laisser une place aussi importante à l’IA dans notre société. En effet, ici nous touchons à l’un des pouvoirs qui régissent notre société. Les gens sont très largement opposés à ce que l’IA ait une place dans ce cadre.
Conclusion
Après analyse des différents résultats en fonction de l’âge ou de la sensibilité de base des répondants à l’IA, nous n’avons dégagé aucune tendance liée à ces facteurs. Ils n’ont donc pas influencé le choix des participants lors de leurs réponses aux différentes situations.
Nous pouvons donc conclure que, lorsque l’IA intervient de manière contrôlée, modérée ou accompagnée d’une intervention humaine, les répondants sont globalement favorables. Par contre, lorsque celle-ci devient autonome, une opposition plus ou moins en forte en fonction de la situation se marque. En effet, pour la majorité des scénarios énoncés, les répondants ont tendance à être contre son usage autonome.
Conclusions et recommandations
A la fin de ce questionnaire, nous avons laissé l’opportunité aux répondants de partager leurs commentaires sur le sujet. Voici quelques-unes des réponses les plus constructives.
Je pense que l’IA peut être d’une utilité extrême et très importante dans de nombreux domaines. Le fait de conduire une voiture « autonome » ne me dérange pas mais seulement si j’ai la possibilité d’avoir un contrôle sur la voiture. Je ne pense pas non plus que l’IA doit remplacer l’Homme mais seulement apporter un support comme par exemple à un médecin pour un diagnostic. Elle ne doit pas non plus être à la tête de toutes les décisions prises dans le monde parce que cela risquerait d’une certaine manière de ne pas avoir exactement une vision « humaine » et d’effrayer un grand nombre de personnes y compris moi.
Dans cette réponse, on comprend qu’une aide intelligente externe et artificielle est la bienvenue si toutefois la notion de contrôle reste propriété de l’humain.
Il convient d’être prudent et circonspect face aux appréciations exprimées étant donner qu’il s’agit d’une science nouvelle et pas toujours bien appréhendée par les répondants.
Cet argument concerne plutôt notre travail et l’appréciation que nous en faisons. Il y est souligné qu’il faut garder un certain recul sur les résultats recueillis ainsi que sur leurs appréciations. Ces résultats ont été effectués sur un faible échantillon de personnes culturellement proches. En effet, nous n’avons recueillis qu’une centaine de réponses et la grande majorité des répondants viennent du secteur de l’ingénieurie ou de l’informatique.
Les derniers développements de l’IA nous placent dans des situations proches d’un test de Turing positif: sans un sens critique développé et un minimum d’intelligence innée, certaines parties de la population ne pourront plus distinguer l’IA de l’humain.
J’ai du mal à avoir entière confiance en l’IA. Peut-être ai-je vu Terminator trop jeune. L’IA n’a que la qualité de sa formation. Elle prend ses decision sur une série de données pour l’entrainer. Lui a-t-on donner un eventail suffisant? Il y a toujours un risque d’etre biaisé. Comment établit-on la qualite de l’IA ? Très bon sondage, ca éveille la reflexion sur un sujet important !
Plusieurs des avis recueillis montrent une crainte bien réelle de l’évolution de l’intelligence artificielle. Celle-ci trouve notamment sont origines dans les films et les scénarios catastrophes envisagés lorsque l’IA deviendrait autonome.
Concernant les questions exprimant une situation particulière, certaines ne permettent d’exprimer totalement notre ressenti. Par exemple, pour l’omniprésence de l’IA dans tous les domaines, vous donnez les exemples de la politique, l’écriture de loi et l’enseignement qui, selon moi, sont les “seuls” domaines où typiquement l’IA ne devrait pas intervenir sans surpervision humaine. Alors dans ce cas-ci dois-je répondre que je ne suis pas du tout d’accord ou bien que je le suis car derrière “tous les domaines” il y a plus d’exemples pour lesquels je suis d’accord plutôt qu’en désaccord ?
L’avis parle de notre formulaire mais soulève un point important. En effet, comme exprimé précédemment, les questions que nous posons et l’avis général sur l’autonomie de l’intelligence artificielle reste vague et une réponse nuancée en fonction des domaines est parfois plus représentative. Nous aurions également pu envisager d’autres scénarios. Cependant, nous avons volontairement fait le choix de nous poser la question sur des scénarios qui poussaient à la réflexion afin de questionner le répondant dans son éthique personnelle.